martedì 7 novembre 2017

Le rôle des religions dans le renforcement de la paix mondiale Genève



Intervention de Son Excellence Monseigneur Ivan Jurkovič, Nonce Apostolique,  Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, à l’occasion du Colloque International :  Le rôle des religions dans le renforcement de la paix mondiale Genève, le 7 novembre 2017

1. La paix n’est ni un rêve, ni une utopie, la paix est possible. Nous sommes réunis aujourd’hui pour réfléchir ensemble sur la paix et nous encourager mutuellement afin de rester engagés à sa recherche. Sur la scène internationale, des menaces de guerre et des conflits en cours bouleversent et ruinent la vie de millions de personnes : des villes sont détruites, des enfants sont tués et mutilés, des femmes sont violées et humiliées, des réfugiés et migrants s’entassent dans des camps. Une technologie de plus en plus sophistiquée produit continuellement de nouvelles armes comme par exemple, les drones qui ignorent la présence humaine et toute responsabilité éthique. Parmi les causes profondes de la violence qui remplit une grande partie de l’actualité, nous trouvons le terrorisme, la piraterie, les agressions pour le contrôle de ressources minérales, les fondamentalistes qui défigurent le vrai visage de la religion. De plus, le capitalisme financier sans régulation, la compétition pour le pouvoir et la soif démesurée du profit, sont aussi une terre fertile où les conflits se développent, où la paix est sacrifiée, et où la dignité humaine est gravement violée.

2.  Au cours du siècle dernier, le concept de guerre a changé de telle manière qu’aujourd’hui la plupart des conflits se déroulent à l’intérieur d’un Etat et 90% des victimes sont des civils. Le concept de paix n’est pas tout simplement l’absence de guerre, mais le résultat d’un processus de purification et d’élévation culturelle, morale et spirituelle de chaque personne, de chaque peuple ; c’est un processus dans lequel la dignité humaine est pleinement respectée. Le cœur humain doit changer pour que les armes et les conflits n’étouffent pas « l’Evangile de paix » (Act 10:36) qui nous rappelle sans cesse : « Heureux les artisans de paix car ils seront appelés les enfants de Dieu. » (Mt 5:9).

3. Selon un vieil adage, il vaut mieux allumer une bougie que maudire l’obscurité. Le message de Jésus qui appelle heureux les artisans de paix nous dit que la paix est à la fois un don messianique et le fruit des efforts humains. Lorsque les relations de coexistence sont inspirées par des critères de pouvoir, de profit, ou par la négation de la nature, la paix ne peut pas se réaliser. En effet, la paix concerne l’intégralité de la personne humaine et requiert un engagement total de l’homme. Elle est fondée sur quatre piliers :  la vérité, la liberté, l’amour et la justice. L’amour de Dieu pour l’humanité reste une source d’espoir et d’aide pour atteindre cette paix profondément désirée par le cœur de l’homme et la famille humaine. Notre action, toutefois, est nécessaire pour transformer l’espoir en une paix concrète. Une telle action s’étend de la dotation d’instruments indispensables au bien commun de toute l’humanité, à la sécurité et la coexistence pacifique et à une structure participative efficace de gouvernance, jusqu’à l’acceptation de tous les droits fondamentaux de l’homme et des mesures progressives comme l’interdiction des ventes d’armes, l’établissement d’un système de traçage pour le trafic des armes, l’éducation sur le coût humanitaire de l’utilisation de petites et grandes armes. Effectivement, la paix est un besoin vital de la famille humaine, un but à atteindre et un processus à entreprendre.

4. Partout dans le monde, des représentants des différentes communautés religieuses et de tous les hommes et les femmes de bonne volonté s’engagent à travailler pour la paix, convaincus que la manière d’atteindre la paix repose sur l’engagement responsable de chaque personne à promouvoir l’entente entre les peuples, et à assurer un développement durable, harmonieux et équilibré. En effet, la sécurité légitimement attendue par les pays et les individus, n’est pas fondée sur la force des armes mais sur la reconnaissance que la paix est un don de Dieu qui veut que tous Ses enfants, sans distinction, jouissent de la qualité de vie qui leur est due en tant que Ses fils et Ses filles porteurs de Son image. Pour cette raison, avec courage, patience et persévérance, les artisans de paix ne faiblissent pas et reçoivent, dans leurs efforts, la grâce de marcher d’un pas sûr dans ce difficile voyage en perspective.

5. Dans ces dernières années, de multiples appels pour la paix et pour la fin de tous conflits violents ont émané des gouvernements, des Eglises et des communautés religieuses, ainsi que de tous les segments de la société civile. Le monde aspire vraiment à la paix. Le droit des peuples à la paix a aussi été le sujet de résolutions et de proclamations solennelles des Nations Unies. Il reste nécessaire d’agir sérieusement dans le domaine du désarmement nucléaire et conventionnel. Nous n’avons pas de temps à perdre afin de développer une culture de paix. Avec un cœur riche en réflexion et un esprit aimant, nous avançons dans la mise en œuvre du Préambule de la Charte des Nations Unies qui stipule : Préserver les générations futures du fléau de la guerre. L’une des voies maîtresses pour construire la paix est une mondialisation ayant pour objectif les intérêts de la grande famille humaine. C’est pourquoi, il est indispensable d’avoir un sentiment fort de solidarité globale entre les pays riches et les pays pauvres, orienté par un code éthique commun. 

6. Dans son premier message pour la Journée mondiale de la Paix (2014), le Pape François nous rappelle que « non seulement les personnes mais aussi les nations doivent se rencontrer dans un esprit de fraternité ». Il soutient le fait que ceci doit s’exprimer sous un triple aspect : « le devoir de solidarité, qui exige que les nations riches aident celles qui sont moins avancées ; le devoir de justice sociale, qui demande la recomposition en termes plus corrects des relations défectueuses entre peuples forts et peuples faibles ; et le devoir de charité universelle, qui implique la promotion d'un monde plus humain pour tous...dans lequel tous aient quelque chose à donner et à recevoir... »i

7. Constatant que « nombreux sont les conflits qui se poursuivent dans l'indifférence générale », le Pape François adresse « un appel fort à tous ceux qui, par les armes, sèment la violence et la mort : redécouvrez votre frère, et arrêtez votre main! » Il lance un appel à « une conversion des cœurs » qui « ...permette à chacun de reconnaître dans l'autre un frère dont il faut prendre soin, avec lequel il faut travailler pour construire une vie en plénitude pour tous ». Il exprime son souhait sincère « ...que l'engagement quotidien de tous continue à porter du fruit et que l'on puisse parvenir à l'application effective, dans le droit international, du droit à la paix comme droit humain fondamental, condition préalable nécessaire à l'exercice de tous les autres droits ».ii

8. C'est seulement avec « un authentique esprit de fraternité » que nous pouvons vaincre « l'égoïsme individuel qui empêche la possibilité des personnes de vivre entre eux librement et harmonieusement... » Cet égoïsme se développe socialement, soit dans les multiples formes de corruption..., soit dans la formation des organisations criminelles… » qui « offensent gravement Dieu, nuisent aux frères et lèsent la création, et encore plus lorsqu'elles ont une connotation religieuse ».iii Le Pape François identifie le potentiel de la fraternité à « garder et à cultiver [le don commun de] la nature », qui nous aide à reconnaître la « grammaire qui est inscrite » dans la création de Dieu « en utilisant sagement les ressources au bénéfice de tous... »iv

9. En conclusion, tenant en considération notre action dans au sein des Organisations internationales à Genève, nous devons continuer « à tisser une relation fraternelle...toute activité doit être, alors, contresignée d'une attitude de service des personnes, spécialement celles qui sont les plus lointaines et les plus inconnues. Le service est l'âme de cette fraternité qui construit la paix ».v


 i Pape François, Message pour la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2014, n.4.
ii Id. n.7.
iii Id. n. 8.
iv Id. n. 9.
v Id. n. 10.

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